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La zone euro flirte avec la stagnation

Il s’en est fallu de peu. Sur les trois derniers mois de 2023, la zone euro a enregistré une croissance nulle, échappant de justesse à une récession « technique », à savoir, deux trimestres de baisse d’affilée du produit intérieur brut (PIB) − entre août et septembre, celui-ci avait en effet reculé de 0,1 %.
Pour le reste, il n’y a guère de quoi se réjouir. Sur l’ensemble de l’année, l’économie de l’union monétaire a en effet crû de 0,5 % seulement, s’enlisant dans la stagnation. « Elle est quasiment atone depuis le troisième trimestre 2022, quand les prix du gaz ont bondi et que la Banque centrale européenne (BCE) a commencé à relever ses taux directeurs », résume Jack Allen-Reynolds, spécialiste de la région chez Capital Economics.
Si la hausse des taux de l’institut monétaire a permis de calmer l’inflation, retombée de 10,6 % en octobre 2022 à 3,4 % en décembre, elle a néanmoins pesé sur le crédit et l’investissement, tandis que le niveau toujours élevé des prix a pénalisé la consommation des ménages. En outre, la guerre en Ukraine, le conflit au Moyen-Orient et les incertitudes géopolitiques ont également grevé le moral des entreprises.
« L’écart se creuse considérablement avec les Etats-Unis, souligne Bert Colijn, économiste chez ING, rappelant que l’économie américaine a crû de 2,5 % en 2023. La consommation a plus souffert dans la zone euro, car les salaires ont été plus lents à s’ajuster à la hausse des prix, et la flambée des coûts de l’énergie, également plus marquée sur le Vieux Continent, a nui à sa compétitivité industrielle. » En outre, les Etats-Unis ont plus largement soutenu leur réindustrialisation que les Européens, avec le grand plan de dépenses du président Joe Biden, l’Inflation Reduction Act.
Le tableau est néanmoins très contrasté selon les Etats membres. Plombée par la crise de son secteur automobile et industriel, l’Allemagne a enregistré une récession de 0,3 % sur l’ensemble de l’année 2023. « Depuis 2020, l’économie allemande est confrontée à une longue liste de crises, temporaires ou structurelles : problèmes sur les chaînes d’approvisionnement pendant la pandémie, puis engendrés par la guerre en Ukraine, crise énergétique, mutation de l’économie chinoise, qui croît moins vite », égrène Carsten Brzeski, spécialiste du pays chez ING. Le modèle économique de nos voisins vacille et, avec lui, celui d’une partie de l’Europe.
L’Autriche va mal elle aussi : son PIB a plongé de 0,7 % l’an passé. Pilier traditionnel de la croissance, la consommation a plié sous le poids d’une inflation qui a culminé à 7,8 % sur l’ensemble de l’année.
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